Point de vue
Métropole attractive, solidaire,
innovante, responsable
En cette période de pandémie, je voudrais d’abord souligner que les professions « de première ligne », comme les métiers du care, de la restauration et du transport, ont payé un prix démesuré à la crise. En témoignent aujourd’hui les difficultés que rencontre par exemple le secteur de la santé alors que les équipes d’urgence sont épuisées. Ce point est particulièrement criant sur le territoire métropolitain.
Ensuite, le confinement a fait progresser de dix ou quinze ans l’usage des technologies numériques et en particulier du télétravail en l’espace de quelques mois. Pour celles et ceux qui se sont mis à le pratiquer, et ils sont nombreux sur notre territoire, c’est une modification profonde du rapport au travail. Cette transformation va avoir un impact majeur tant sur les modes d’habiter que sur les déplacements. Nous devons donc impérativement la prendre en compte dans notre planification de la transition écologique.
Si le télétravail permet la réduction du nombre de déplacements dans la semaine, il accroît également l’envie de proximité de notre logement avec la nature. Cela se traduit par une hausse de l’envie de balcons, de terrasses, et surtout de maisons individuelles. Il est essentiel de nous assurer que cela ne se traduise pas par davantage d’étalement urbain.
Attention toutefois, tous les métiers ne permettent pas le même accès au télétravail, et cette distinction recoupe celle des catégories socio-professionnelles. Face à la crise économique et sociale qui s’annonce, face à des ressources qui vont nécessairement se raréfier, comme nous le voyons déjà avec la forte hausse des prix de l’énergie, la concurrence entre groupes sociaux risque de s’aggraver. Il ne faudrait pas que les plus exposés, les moins protégés, aient des raisons de penser que leurs intérêts sont sacrifiés, et c’est là le rôle des collectivités que de veiller à un scénario le plus juste possible.
Permettez ce clin d’œil : la Métropole de Grenoble travaille son sillon. Il est alpin, il est industriel et techno-scientifique, il est populaire et vigilant sur toutes les solidarités, il est en même temps celui de l’innovation depuis longtemps. La métropole hérite de l’histoire du grand territoire dans lequel elle s’inscrit : être stratège, c’est s’inscrire dans cette histoire et la poursuivre par de nouvelles transformations. Mais à travers ces grands enjeux climatiques, énergétiques, écologiques, la métropole joue aussi une trajectoire spécifique.
Par exemple c’est aussi une métropole de villages, et même de villages de montagne : le récit métropolitain doit les « embarquer » aussi, sans cliver urbains et ruraux.
C’est une métropole qui a besoin de rétablir une certaine attractivité, sans laquelle il n’y a plus de développement social et il n’y aura pas de transition écologique. La notion d’hospitalité a ici toute sa place : on voit bien qu’aujourd’hui les conditions d’accueil de nouveaux habitants sont essentielles à l’attractivité d’un territoire.
Attractive, solidaire, innovante, responsable : le récit métropolitain que nous devons porter doit être juste et placer les attentes de ses habitants au cœur de sa trajectoire, en ne laissant personne au bord du chemin.
Christophe Ferrari, Président de Grenoble-Alpes Métropole