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Le bois

William Meunier, Chef du Service Environnement Air Climat et Alexandre Mignotte, Chargé de mission Montagne et relations aux PNR, Grenoble-Alpes Métropole


Comment est organisée la filière d'approvisionnement sur notre territoire ?

Dans la métropole grenobloise, comme ailleurs globalement, l’organisation de l’approvisionnement bois énergie peut être assez simplement décrite via l’itinéraire de la ressource de la forêt à la chaudière.


En forêt, les acteurs situés sur la partie amont de la filière vont être principalement divers propriétaires forestiers publics ou privés. L’Office national des forêts (ONF) pour la forêt publique, les propriétaires, parfois organisés en groupement ou en coopérative, sont les maîtres d’ouvrage qui missionnent les entrepreneurs de travaux forestiers (ETF) et les exploitants forestiers. Il s’agit souvent de TPE-PME très ancrées localement, plutôt familiales, aux savoir-faire éprouvés mais qui peinent à recruter compte tenu de la difficulté des métiers. Les collectivités sont des acteurs importants à ce stade car elles peuvent être propriétaires forestiers et dans le cas particulier de la Métropole, en charge d’une étape fondamentale : la desserte forestière, c’est-à-dire la création des pistes, essentielles pour sortir le bois de la forêt.


L’étape suivante, souvent assurée par les mêmes ETF combine diverses phases de transformation et de conditionnement. La ressource, sous forme brute « sortie du bois » arrive sur des plateformes généralement situées dans les vallées pour être transformée en bûches, granulés (ou pellets) ou plaquettes forestières (dites aussi bois déchiqueté) qui sont les trois formes d’utilisation du bois énergie. À noter que du broyage peut aussi se faire en forêt pour la production de plaquettes. Conditionné, le combustible repart pour son utilisation finale en chaufferie, ou passe par des plateformes locales d’approvisionnement à l’exemple du pôle bois du Grésivaudan à Goncelin qui alimente par exemple la Compagnie de chauffage intercommunale de l'agglomération grenobloise (CCIAG).


Existe-t-il une pression particulière sur cette filière ?

Pour comprendre l’importance de l’approvisionnement en bois énergie du territoire, il faut d’abord rappeler deux objectifs stratégiques essentiels énoncés par la Métropole dans son schéma directeur énergie et par son plan climat air énergie métropolitain, récemment actualisé :

  • 30 % d’énergies renouvelables produites localement en 2030 (20 % aujourd’hui) ;
  • 50 % d’augmentation de la production d’énergie issue de la biomasse à horizon 2030 par rapport à 2013.

Outre l’enjeu environnemental et sanitaire, de tels objectifs sont aussi à rapprocher des 2 500 emplois assurés par la filière bois locale (bois d’œuvre et bois énergie) dans la Métropole (étude Fibois Isère) et qu’il s’agit a minima de conserver et autant que possible d’augmenter. L’approvisionnement local en bois énergie est donc un levier important de développement durable du territoire. Aussi faut-il bien connaître la filière et les modalités de gestion, exploitation, utilisation de la ressource. En ce sens, une étude conduite par la Direction de la Transition énergétique de la Métropole a montré qu’en 2019 le volume de bois énergie produit par les fournisseurs du territoire était d’environ 400 000 tonnes. Lorsque Biomax fonctionnera aux côtés des 57 chaufferies collectives listées par la SPL Agence locale de l'Énergie et du Climat de la Grande Région Grenobloise" (SPL Alec) dans la métropole, le territoire consommera alors près de 200 000 tonnes de plaquette forestière. Cela signifie qu’à elle seule, la Métropole va canaliser la moitié de ce que les fournisseurs qui l’approvisionnent produisent actuellement. Aujourd’hui, nos fournisseurs se trouvent en grande majorité à moins de 100 km et le bois coupé, généralement dans un rayon de 40 à 80 km. Compte tenu des potentiels forestiers de la métropole et des territoires voisins, les principales aires d’approvisionnement en bois des chaufferies métropolitaines sont les massifs forestiers des Chambarans, des Bonnevaux et de Belledonne ainsi que ceux situés sur les communautés de communes du Val du Dauphiné, des Balcons du Dauphiné, de la Communauté d’Agglomération Porte de l’Isère et du Pays Voironnais.

Si l’on considère que ces territoires ont leurs propres besoins en bois énergie, que tous les territoires voisins développent aussi des chaufferies bois et donc recourent aussi de plus en plus au bois énergie, et que ces massifs sont aussi dans l’aire d’approvisionnement des agglomérations valentinoise et lyonnaise, alors en effet on se doit d’anticiper pour éviter une pression sur la filière, et plus spécifiquement sur la ressource.

Il faut en outre veiller à ce que le développement du bois-énergie ne déstabilise pas les autres filières bois des territoires (construction, piquets, industrie…).

C’est sur cette question – entre autres – que nous travaillons avec toutes les intercommunalités voisines et les PNR dans le cadre d’une stratégie interterritoriale forêt-filière bois intitulée « Forêt Horizon 2030 ». Notre approvisionnement en bois-énergie ne peut se réfléchir et se structurer de manière robuste qu’à cette échelle.

Le changement climatique est aussi une pression majeure. Ses impacts sur la forêt sont déjà visibles et inquiètent tous les acteurs de la filière bois. Les élus des territoires engagés dans la stratégie « Forêt Horizon 2030 » souhaitent que l’on progresse sur la connaissance de ce qui se passe dans nos forêts et les solutions d’adaptation, avec l’aide de différents partenaires scientifiques.


Quel est l’impact du chauffage au bois sur la qualité de l’air ? Où en est-on de cette problématique ?

Les seuils réglementaires de qualité de l'air sont parfois dépassés sur le territoire de la Métropole. En hiver, le chauffage au bois contribue fortement à la pollution de l'air par les particules fines : il peut représenter jusqu'à 75 % des émissions de particules fines en pic de pollution hivernal et environ 55 % toute l'année en moyenne. Le même problème est observé au niveau régional selon Atmo Auvergne-Rhône-Alpes.

Dans la métropole grenobloise, 3 à 7 % des décès (soit 114 morts environ) et 3 à 10 % des nouveaux cas de cancer du poumon sont imputables chaque année à la pollution aux particules fines.

Pour ce qui est de la pollution issue du chauffage au bois, Grenoble-Alpes Métropole intervient à trois niveaux :

  • avec la Prime Air Bois pour remplacer les appareils de chauffage au bois individuel peu performants et polluants par un équipement récent faiblement émissif et à meilleur rendement ;
  • sur les comportements d’utilisation et d’entretien de son appareil de chauffage via des sessions de formation ;
  • sur la qualité du combustible, notamment le bois-bûche, en sensibilisant les producteurs et consommateurs à l’importance d’un combustible local et bien sec qui sera plus calorifique et moins polluant.

L’Ademe, la Région et l’Alec sont des partenaires essentiels sur ce sujet.


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