Dans le département de l’Isère, en 2018, selon l’observatoire des territoires de l’ANCT, 123 000 actifs occupés résident à 30 minutes ou plus en voiture de leur lieu de travail, soit un quart des actifs occupés. Par ailleurs, les enquêtes mobilité réalisées dans l’aire grenobloise ont montré que la distance entre le domicile et le lieu de travail continue de s’allonger entre 2010 et 2020. On constate que pour ces actifs, la voiture reste largement privilégiée pour leurs déplacements domicile-travail.
Pour les politiques publiques, ces constats nécessitent d’être approchés à trois niveaux : environnemental, pour viser une réduction de la consommation énergétique et des émissions de GES à l’échelle d’un territoire ; social, pour lutter contre la vulnérabilité économique des ménages face à une augmentation des coûts de l’énergie ; et par les équipements et services pour mettre les collectivités en capacité de répondre aux besoins des habitants.
De nombreuses questions se posent. À travers l’approche statistique menée, nous avons cherché à éclairer l’une d’entre elles : selon quels principaux critères les actifs « grands navetteurs » choisissent-ils leur localisation résidentielle ?
À partir d’une collection de représentations cartographiques (à retrouver dans Grand A Le Mag) des corrélations ont été recherchées entre la présence d’actifs « grands navetteurs » et différentes variables : les prix des marchés fonciers et immobiliers ; les équipements présents dans les territoires ; la présence d’infrastructures de déplacements rapides ; l’équilibre emplois/actifs occupés ; les revenus des ménages, etc.
Dans les cartes de Grand A, le croisement des données met en lumière une grande diversité de situations selon les territoires. En effet, aucune des variables analysées ne suffit à elle seule à expliquer une présence d’actifs « grands navetteurs » particulièrement élevée ou particulièrement faible. Ainsi, des taux élevés d’actifs grands navetteurs s’observent dans des territoires où les prix du marché foncier/immobilier et les revenus sont supérieurs à la moyenne (ex. Plateau de Champagnier), mais également dans des territoires où les prix du marché foncier/immobilier sont supérieurs à la moyenne mais les revenus inférieurs (ex. Nord Isère), ou encore dans des territoires où les prix du marché foncier/immobilier et les revenus sont inférieurs à la moyenne (territoire de la Bièvre).
Un lien peut néanmoins être confirmé entre un prix du marché foncier/immobilier inférieur à la moyenne et un taux d’actifs grands navetteurs élevé : 66 % des communes dont les prix foncier/immobilier se situent en dessous de la moyenne du marché présentent un taux de grands navetteurs supérieur à 35 %, contre 43 % de l’ensemble des communes du département (voir carte en téléchargement ci-dessous).
Pour permettre de répondre à l’enjeu de réduction des distances entre le domicile et le travail, cette première approche nécessiterait d’être enrichie, notamment par des approches qualitatives, pour comprendre plus finement les leviers décisionnels des ménages dans leur parcours résidentiel. En effet, leurs choix recouvrent deux types de facteurs : d’une part les ressources et contraintes objectives qui façonnent le champ des possibles ; d’autre part les aspirations individuelles, largement modelées par les valeurs sociétales, ces dernières étant moins appréhendables par les approches quantitatives.
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