Grand A le mag - 5 : Novembre 2021

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Grenoble, transect

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Couper la ville par le milieu

Le site https://grenoble.transect.fr est l’espace numérique contributif d’un transect Nord-Sud de la métropole grenobloise réalisé par les étudiants en première année de licence à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble chaque année depuis l’automne 2016. À partir de l’automne 2021, trois nouveaux transects ont été ajoutés : Isère amont, Isère aval. Ils sont réalisés par les étudiants en première année à l’Institut d’Urbanisme et de Géographie Alpine.


Argument

Nous sommes tous attentifs, parfois même « saisis » par l’ambiance perçue en arrivant dans un lieu donné. Attentifs à un éclairage remarquable, à une sonorité particulière, dynamisés par un espace public animé ou au contraire apaisé, portés à la contemplation dans un lieu imprégné de calme… Souvent singulière et irréductible, l’ambiance d’un lieu varie selon le jour, l’heure, la météo, le public et nos actions. Pourtant, malgré ces variations, elle possède en général des caractères qui lui confèrent une identité, qui nous la fait reconnaître.


Principe

Chaque étudiant sélectionne un carré de 50 x 50 mètres dans lequel il choisit un point précis d’où il rend compte du lieu et de ses pratiques par un récit de ses ambiances. La même contrainte de format est donnée à tous : un texte de 2 000 signes maximum, trois photos légendées et une séquence vidéographique légendée (30 secondes).


Découverte

Ainsi se mettent en place des archives vidéographiques de la ville dans ses ambiances au quotidien. On peut, pour chaque traversée, explorer séparément chaque carré ou s’installer confortablement, choisir une année de production et cliquer sur Transect vidéo et regarder les vidéos s’enchaîner les unes après les autres et faire ainsi une visite inédite de Grenoble, un immense travelling polyglotte. On peut aussi cliquer sur « Chronotopies », choisir un carré et voir s’ouvrir toutes les vidéos année après année de ce même lieu et les regarder / comparer en parallèle.


Discussion

Que voyons-nous dans nos traversées quotidiennes ? Quel médium permet d’en rentre compte ? Quel média se charge de mettre en partage et en débat ce type de perception et de vécu ? Si les cartes et les plans sont indispensables comme outils de représentation pour le territoire et la ville, ils peinent à rendre compte de cette dimension dynamique, si naturelle au quotidien, qui consiste à saisir la ville dans la variation de ses ambiances, dans la variété de ses situations. Aucune ville ou métropole ne peut faire l’économie d’un travail sur sa représentation. Après la littérature, la peinture et la photographie, c’est le cinéma qui est utilisé aujourd’hui pour enregistrer et décrire la condition urbaine. Que tout film, pour peu qu’il ait recours à l’enregistrement, puisse revendiquer la capacité de garder la marque (visuelle et sonore) d’une époque, particulièrement en témoignant de l’aspect et de l’agencement d’espaces urbains à une période donnée, est une évidence. Pour autant, cette évidence n’est pas sans engager une réflexion qui amène à interroger la notion d’archive filmique en mobilisant une série de concepts propres aux études urbaines, mais aussi propres aux études cinématographiques : la vue, la coupe, le plan, la séquence, la miniature urbaine, la synchronisation, etc.

La ville est un lieu d’exercice du regard et du pas. Prendre un film et une ville comme compagnons de réflexion, s’attacher à ce qu’ils nous disent sur l’ordinaire urbain, permet de débusquer comment la vidéo (et le cinéma !) nous aide à voir et à penser la ville. Mais c’est peut-être tout autant l’inverse, à savoir comment notre culture cinématographique modifie notre perception de la ville, et peut-être même notre design de l’urbain. « Marcher les villes » pour se faire un film, ou se faire un film pour « marcher les villes ». Ce sera toujours dans l’écart entre le réel et ses représentations que la fiction et la réflexion trouveront leur espace.

Enseignement
ENSAG : Nicolas Tixier, Pascaline Thiollière, David Argoud, Laure Brayer
IUGA : Sébastien Leroux, Pierre Olivier Garcia
Le site a été réalisé par Jérémie Bancilhon (Go-on-web) à partir d’une idée originale de Nicolas Tixier (AAU_Cresson)
Partenariat : ENSAG / IUGA / Cinémathèque de Grenoble

À lire
Des villes, des cinémas, des ambiances : Trois applications numériques et contributives pour explorer les rapports entre la ville et le cinéma
Jérémie Bancilhon, Nicolas Tixier, Peggy Zejgman-Lecarme, 2018

Nicolas Tixier,
architecte, professeur à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, directeur de l’équipe CRESSON du laboratoire AAU (Ambiances, Architectures, Urbanités)

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