La résilience économique : une question incontournable
Au regard de la littérature scientifique, la résilience économique n’est souvent appréhendée qu’à travers la seule lecture du système productif, c’est-à-dire essentiellement des secteurs exportateurs. Les facteurs explicatifs concernent essentiellement la dimension économique. En outre, les approches sont très souvent à une échelle administrative, en particulier à une échelle régionale. Cette manière d’aborder la problématique est assez économiciste. Il convient de la penser de façon plus complexe et plus large.
Afin d’être à même d’accompagner les territoires dans un processus de résilience économique, trois hypothèses sont proposées.
La première est qu’il faut non seulement interroger les moteurs productifs, mais aussi ouvrir la question aux autres moteurs de développement économique, c’est-à-dire les moteurs résidentiels et touristiques autant que publics (par ailleurs parmi les plus impactés par la crise de la Covid-19).
En seconde hypothèse, il faut évidemment intégrer des facteurs économiques, mais aussi étendre à d’autres variables, notamment aux facteurs environnementaux qui ne sont à priori jamais pris en compte et qui pourtant - dans un contexte de transition écologique et dans une visée prospective - deviennent prépondérants (considérant par exemple l’exploitation des ressources, l’acceptabilité des impacts écologiques, le changement de mentalité des jeunes diplômé, etc.).
Le troisième point est que tout est imbriqué, et qu’il faut donc penser la résilience des territoires en tant que systèmes pour bien prendre en compte les interactions territoriales, notamment le fait que la résilience économique d’un secteur ou d’une entreprise dépend aussi de facteurs et décisions qui se jouent dans d’autres territoires.
Une thèse pour explorer le sujet
“ Quelle capacité de résilience économique ont les métropoles face aux enjeux de la transition écologique ? Comment anticiper les risques, pour adopter un nouveau modèle économique ? Ces questions, posées par l’Agence et ses partenaires, sont au cœur d’enjeux opérationnels et stratégiques pour les collectivités locales, pour les urbanistes et les aménageurs ” affirme Magali Talandier (UGA), directrice de la thèse Cifre qui me lie à l’Agence d’urbanisme (en partenariat avec Grenoble-Alpes Métropole). À travers celle-ci, je cherche à éclairer ces trois facettes des processus de résilience économique des systèmes urbains à savoir : appréhender l’ensemble des dynamiques, intégrer les enjeux environnementaux et considérer les systèmes territoriaux.
Une méthodologie hybride
Une méthodologie mixte sera mobilisée, combinant une approche quantitative et qualitative. Un premier volet permettra d’analyser et comparer les impacts de la crise économique de 2008 et de la crise du coronavirus en 2020, à l'échelle nationale (à la maille des EPCI ou des zones d’emploi).
Puis un second volet consistera à rendre compte des interactions des systèmes de flux et conduira à approfondir les autres questions, notamment environnementales.
La méthode élaborée sera alors expérimentée, à l’échelle de l’aire grenobloise, auprès d'un panel d’établissements jugés structurants pour l’économie de chacun des territoires qui la constituent. L’objectif est notamment de savoir quelles ressources ces territoires consomment ou exportent, comment ils se préparent à l’avenir, quel est leur lien au grand territoire, etc.
Au fil de la thèse, des workshops participatifs seront organisés avec les acteurs locaux (privés et publics) pour éclairer et alimenter les investigations.
Entretien avec Pierre-Olivier Boyer, directeur des partenariats stratégiques chez Vicat Explorer la résilience économique des systèmes urbains au prisme des enjeux environnementaux : le sujet d’une thèse Cifre à l’Agence