Grand A le mag - 6 : Juin 2023

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Comment elles, ils, parlent de la ville ?

« Nous vivons dans les villes, les villes vivent en nous. » Une jolie formule de Wim Wenders pour exprimer l’évidence : la ville, ses habitants, ses acteurs sont indissociables. Certains en ont fait leur métier, d’autres leur sujet, le plus grand nombre se contente d’y vivre, ou de s’y adapter.

  • Philippe Bihouix, Sophie Jeantet, Clémence de Selva

    Ingénieur, architecte, urbaniste

    « Les villes idéales sont déjà là, ce sont celles que nous habitons. Elles ne sont pas idéales parce qu’elles sont parfaites - elles ne le seront pas avant longtemps, au moins du point de vue environnemental - mais parce qu’elles sont les seules que nous avons à disposition et qu’il faudra bien faire avec. Belles ou laides, grandes ou petites, elles sont ce que nous devons nous attacher à conserver, à transformer intelligemment et à transmettre. Efforçons-nous de les rendre plus apaisées, plus agréables, plus préparées et plus vertueuses. Un beau chantier s’ouvre à nous. »


    Source : La ville stationnaire. Comment mettre fin à l’étalement urbain ? Ed. Actes Sud, septembre 2022

  • Nicolas Delon

    Architecte

    « Sous les effets conjugués de l’épuisement des ressources, de l’inflation, de l’énergie et de fragilité des sols, c’est à la fois la localisation, la matérialité et l’usage des architectures futures qui doit faire l’objet d’une remise en question profonde, tant sur le fond que sur la forme. »


    Source : Grand A, Reconstruire nos façons de construire

  • Les habitant·e·s

    Aimez-vous la ville ? Voulez-vous vivre en ville ?


    Reportage réalisé en juin 2023 auprès des habitants de l'aire grenobloise


  • Camille de Toledo

    Écrivain

    « En offrant le statut de sujets de droit aux écosystèmes, aux milieux, aux espèces animales ou végétales, on permet à des « êtres juridiques émergents » de compléter la balance des pouvoirs pour mettre en avant leurs valeurs, leurs besoins, leurs intérêts. On rend possible une négociation entre des États, des entreprises ou des milieux. Et la bonne nouvelle, c’est qu’avec ces nouvelles perspectives, en droit, ce sont un grand nombre de vies humaines qui seront mieux défendues, tant nous dépendons des divers éléments terrestres pour vivre. »


    Source : Le Monde, 3 juillet 2021

  • Sylvain Grisot

    Urbaniste, fondateur de Dixit.net

    « La fabrique de la ville est droguée au sol agricole comme notre économie l’est aux énergies décarbonées, et le sevrage est difficile. Alors oui, c’est compliqué, partout, mais ça avance. Et c’est bien cela la vraie surprise, la ZAN avec tous ses défauts est en train de transformer en profondeur nos perceptions et nos pratiques. »


    Source : Le Monde, 24 décembre 2022 : « La sobriété en sols est un moyen d’amorcer une transition plus globale de nos territoires. »


    Aller plus loin : Changer de siècle, d'échelle et d'horizon par Sylvain Grisot

  • Bruno Latour

    Philosophe, sociologue des sciences, qui nous a quittés le 9 octobre 2022

    « La crise sanitaire et, plus largement, la crise écologique viennent en fait interrompre nos relations quotidiennes et mettent au jour la dépendance et l’interdépendance dans lesquelles nous sommes insérés.

    Les ressources viennent d’ailleurs, les gens ne travaillent pas à l’endroit où ils vivent et à un sentiment de déclassement s’ajoute un sentiment de déterritorialisation, de délocalisation, qui vient du fait que, si l’on commence à se préoccuper du monde dont on vit, le monde dans lequel on vit devient problématique.

    Tous les citoyens ont le même sentiment que leur territoire est en train de changer et que la définition qu’on leur en donne d’habitude ne correspond plus à leur expérience. Voilà pourquoi, avec cette crise généralisée, le moment est venu d’organiser une redescription des territoires. »


    Source : www.lagazettedescommunes.com

    Aller plus loin : Atelier Où atterrir ? Mise en perspective de Bruno Latour

  • Valérie Masson-Delmotte

    Paléoclimatologue et coprésidente du groupe de travail 1 du GIEC.

    [Les villes] doivent s’allier pour apprendre les unes des autres. Ce retour d’expériences évite d’agir au doigt mouillé et permet d’œuvrer à partir de mesures testées, expérimentées. Ce sont généralement des coalitions de villes qui font avancer les connaissances, car elles sont aux avant-postes des changements, avant même les États. Elles doivent aussi prendre conscience de la gravité de la situation, identifier les causes, les conséquences et les leviers d’action possibles. Pour créer une dynamique collective, les villes ont un atout : leur proximité avec les habitants et la volonté qu’ils ont de protéger et préserver leur habitat. »


    Source : www.lemonde.fr

  • Carlos Moreno

    Professeur, expert urbain

    « Il est temps d’aller non plus vers l’aménagement de la ville mais vers l’aménagement de la vie urbaine. Il s’agit d’opérer une transformation de l’espace urbain encore fortement mono fonctionnel, avec la ville centre et ses différentes spécialisations vers une ville polycentrique, portée par 4 composantes majeures : la proximité, la mixité, la densité, l’ubiquité afin d’offrir cette qualité de vie dans les courtes distances, celles des 6 fonctions sociales urbaines essentielles que sont : habiter, travailler, s’approvisionner, se soigner, apprendre, s’épanouir.

    C’est la ville du ¼ d’heure, en zone compacte, (ou le territoire de la ½ heure en zone semi ou peu dense) de l’hyper proximité, de l’accessible à tout moment... Celle où, en moins de 15 minutes, un habitant peur accéder à ses besoins essentiels de vie. »


    Source : www.moreno-web.net

  • Thierry Paquot

    Philosophe de l’urbain

    « Tant qu’il y a de la vi(lle), il y a cet espoir d’une urbanité joyeuse qui confère à n’importe quel territoire son caractère vivant, son obstination à embellir l’existence de chacune et chacun avec et parmi une nature trop souvent dénaturée par les actions d’une économie productiviste plus soucieuse du toujours plus que du toujours mieux ! »


    Source : Villes vivantes, Histoires de réconciliations entre ville et nature, Agence Ter, WAAO, 2022

  • Pierre Rabhi

    Philosophe agriculteur qui nous a quittés le 4 décembre 2021

    « Vivre en ville, c’est vivre hors sol. La ville est un lieu minéral dans lequel on accumule des individus. À l’origine, on attirait les gens de la campagne vers les villes pour leur offrir un emploi. On les mettait dans des immeubles à étages, telle une boîte à outils humaine qui sert à faire tourner l’industrie. Cette concentration urbaine a été proclamée durant les trente glorieuses. Aujourd’hui, les villes sont restées des pièges. […] Il faut travailler un meilleur équilibre entre le milieu rural et le milieu urbain. Les villes devraient toutes comporter une ceinture verte pour ne pas être obligées d’aller acheter de la nourriture à des milliers de kilomètres et manger des aliments transportés par des camions qui encombrent les routes. C’est un non-sens total. »


    Source : www.bioalaune.com

  • Philippe Rahm

    Architecte

    « L’architecture, d’une certaine manière, c’est le design de l’atmosphère. C’est ce qui nous protège des éléments, de la pluie, du froid, de la chaleur. C’est une tentative de créer des microclimats habitables. Or, si la finalité de l’architecture est liée au climat, à la météo, pourquoi les moyens ne le seraient-ils pas également ? Pourquoi n’utiliserait-on pas des phénomènes climatiques tels que la convection atmosphérique, la conduction et l’émissivité thermiques, l’évaporation, comme des outils pour construire des bâtiments ou composer des villes ? »


    Source : Le Un hebdo, 14 septembre 2022

  • Jean Viard

    Sociologue

    « Il faut absolument sortir de cette tradition d’une vision archaïque qui se veut centrée sur la capitale et ses alentours. Notre pays est un pays de territoires, dans sa diversité, et les aspirations des Français ne sont ainsi pas les mêmes selon qu’ils se trouvent en milieu urbain dense ou en rase campagne. À ce titre, le terme parapluie de "territoire rural" n’est plus pertinent aujourd’hui, et son opposition avec les "territoires urbains" est rendue caduque. En lieu et place, plusieurs grilles de lecture peuvent permettre de caractériser cette France des territoires. De mon côté, j’aime à distinguer la population évoluant hors des villes en deux catégories : les "gilets jaunes" et les "bobos télétravailleurs". »


    Source : www.institutmontaigne.org

  • Pablo Servigne

    Chercheur in-terre-dépendant et auteur

    « La ville, en somme, on l’adore et on la déteste. Horizon d’espoir, de prospérité, d’épanouissement culturel, de pouvoir, de travail ou de rencontres ; mais aussi horizon de déconnexion avec la nature, de pollution, de bruit, de violence ou de perte des liens sociaux authentiques. Notre rapport d’amour/haine avec les villes est le résultat du frottement entre la dure réalité et nos imaginaires. Nous entretenons un rapport irrationnel avec notre environnement, et la ville n’y échappe pas. Repoussoir techno-rigide pour les uns, cocon maternant et sécurisant pour d’autres, elle fait partie intégrante de notre présent... et de notre avenir. Qu’on soit attiré par les villes ou qu’on les fuie, il faudra faire avec. Avec elles, et surtout avec nos fantasmes. »


    Source : www.barricade.be

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