Grand A le mag - 4 : Décembre 2020

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Ressources d’énergies renouvelables : quelles spécificités locales ?

Hormis peut-être l’éolien plus difficile à implanter sur le territoire, l’aire grenobloise concentre une très grande diversité de ressources, de filières et de sites de production. Un rapide panorama local est proposé ici, du bois au photovoltaïque, en passant par la méthanisation et bien d’autres.

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    Le bois

    William Meunier, Chef du Service Environnement Air Climat et Alexandre Mignotte, Chargé de mission Montagne et relations aux PNR, Grenoble-Alpes Métropole


    Comment est organisée la filière d'approvisionnement sur notre territoire ?

    Dans la métropole grenobloise, comme ailleurs globalement, l’organisation de l’approvisionnement bois énergie peut être assez simplement décrite via l’itinéraire de la ressource de la forêt à la chaudière.


    En forêt, les acteurs situés sur la partie amont de la filière vont être principalement divers propriétaires forestiers publics ou privés. L’Office national des forêts (ONF) pour la forêt publique, les propriétaires, parfois organisés en groupement ou en coopérative, sont les maîtres d’ouvrage qui missionnent les entrepreneurs de travaux forestiers (ETF) et les exploitants forestiers. Il s’agit souvent de TPE-PME très ancrées localement, plutôt familiales, aux savoir-faire éprouvés mais qui peinent à recruter compte tenu de la difficulté des métiers. Les collectivités sont des acteurs importants à ce stade car elles peuvent être propriétaires forestiers et dans le cas particulier de la Métropole, en charge d’une étape fondamentale : la desserte forestière, c’est-à-dire la création des pistes, essentielles pour sortir le bois de la forêt.


    L’étape suivante, souvent assurée par les mêmes ETF combine diverses phases de transformation et de conditionnement. La ressource, sous forme brute « sortie du bois » arrive sur des plateformes généralement situées dans les vallées pour être transformée en bûches, granulés (ou pellets) ou plaquettes forestières (dites aussi bois déchiqueté) qui sont les trois formes d’utilisation du bois énergie. À noter que du broyage peut aussi se faire en forêt pour la production de plaquettes. Conditionné, le combustible repart pour son utilisation finale en chaufferie, ou passe par des plateformes locales d’approvisionnement à l’exemple du pôle bois du Grésivaudan à Goncelin qui alimente par exemple la Compagnie de chauffage intercommunale de l'agglomération grenobloise (CCIAG).


    Existe-t-il une pression particulière sur cette filière ?

    Pour comprendre l’importance de l’approvisionnement en bois énergie du territoire, il faut d’abord rappeler deux objectifs stratégiques essentiels énoncés par la Métropole dans son schéma directeur énergie et par son plan climat air énergie métropolitain, récemment actualisé :

    • 30 % d’énergies renouvelables produites localement en 2030 (20 % aujourd’hui) ;
    • 50 % d’augmentation de la production d’énergie issue de la biomasse à horizon 2030 par rapport à 2013.

    Outre l’enjeu environnemental et sanitaire, de tels objectifs sont aussi à rapprocher des 2 500 emplois assurés par la filière bois locale (bois d’œuvre et bois énergie) dans la Métropole (étude Fibois Isère) et qu’il s’agit a minima de conserver et autant que possible d’augmenter. L’approvisionnement local en bois énergie est donc un levier important de développement durable du territoire. Aussi faut-il bien connaître la filière et les modalités de gestion, exploitation, utilisation de la ressource. En ce sens, une étude conduite par la Direction de la Transition énergétique de la Métropole a montré qu’en 2019 le volume de bois énergie produit par les fournisseurs du territoire était d’environ 400 000 tonnes. Lorsque Biomax fonctionnera aux côtés des 57 chaufferies collectives listées par la SPL Agence locale de l'Énergie et du Climat de la Grande Région Grenobloise" (SPL Alec) dans la métropole, le territoire consommera alors près de 200 000 tonnes de plaquette forestière. Cela signifie qu’à elle seule, la Métropole va canaliser la moitié de ce que les fournisseurs qui l’approvisionnent produisent actuellement. Aujourd’hui, nos fournisseurs se trouvent en grande majorité à moins de 100 km et le bois coupé, généralement dans un rayon de 40 à 80 km. Compte tenu des potentiels forestiers de la métropole et des territoires voisins, les principales aires d’approvisionnement en bois des chaufferies métropolitaines sont les massifs forestiers des Chambarans, des Bonnevaux et de Belledonne ainsi que ceux situés sur les communautés de communes du Val du Dauphiné, des Balcons du Dauphiné, de la Communauté d’Agglomération Porte de l’Isère et du Pays Voironnais.

    Si l’on considère que ces territoires ont leurs propres besoins en bois énergie, que tous les territoires voisins développent aussi des chaufferies bois et donc recourent aussi de plus en plus au bois énergie, et que ces massifs sont aussi dans l’aire d’approvisionnement des agglomérations valentinoise et lyonnaise, alors en effet on se doit d’anticiper pour éviter une pression sur la filière, et plus spécifiquement sur la ressource.

    Il faut en outre veiller à ce que le développement du bois-énergie ne déstabilise pas les autres filières bois des territoires (construction, piquets, industrie…).

    C’est sur cette question – entre autres – que nous travaillons avec toutes les intercommunalités voisines et les PNR dans le cadre d’une stratégie interterritoriale forêt-filière bois intitulée « Forêt Horizon 2030 ». Notre approvisionnement en bois-énergie ne peut se réfléchir et se structurer de manière robuste qu’à cette échelle.

    Le changement climatique est aussi une pression majeure. Ses impacts sur la forêt sont déjà visibles et inquiètent tous les acteurs de la filière bois. Les élus des territoires engagés dans la stratégie « Forêt Horizon 2030 » souhaitent que l’on progresse sur la connaissance de ce qui se passe dans nos forêts et les solutions d’adaptation, avec l’aide de différents partenaires scientifiques.


    Quel est l’impact du chauffage au bois sur la qualité de l’air ? Où en est-on de cette problématique ?

    Les seuils réglementaires de qualité de l'air sont parfois dépassés sur le territoire de la Métropole. En hiver, le chauffage au bois contribue fortement à la pollution de l'air par les particules fines : il peut représenter jusqu'à 75 % des émissions de particules fines en pic de pollution hivernal et environ 55 % toute l'année en moyenne. Le même problème est observé au niveau régional selon Atmo Auvergne-Rhône-Alpes.

    Dans la métropole grenobloise, 3 à 7 % des décès (soit 114 morts environ) et 3 à 10 % des nouveaux cas de cancer du poumon sont imputables chaque année à la pollution aux particules fines.

    Pour ce qui est de la pollution issue du chauffage au bois, Grenoble-Alpes Métropole intervient à trois niveaux :

    • avec la Prime Air Bois pour remplacer les appareils de chauffage au bois individuel peu performants et polluants par un équipement récent faiblement émissif et à meilleur rendement ;
    • sur les comportements d’utilisation et d’entretien de son appareil de chauffage via des sessions de formation ;
    • sur la qualité du combustible, notamment le bois-bûche, en sensibilisant les producteurs et consommateurs à l’importance d’un combustible local et bien sec qui sera plus calorifique et moins polluant.

    L’Ademe, la Région et l’Alec sont des partenaires essentiels sur ce sujet.


    ZOOM sur la ZAC Flaubert et le réseau de chaleur
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    La géothermie

    Édouard Tissier, Responsable de projets, Référent en géothermie, Antea®Group


    La géothermie constitue une énergie renouvelable et locale intéressante pour le chauffage, le rafraîchissement, la climatisation voire le préchauffage de l’eau chaude sanitaire. Cette grande diversité d’usages permet une utilisation dans de nombreux secteurs d’activité : bureaux, logements, industrie, centres sportifs et culturels, bâtiments d’enseignement…


    À l’échelle du département de l’Isère, on dénombre plus de 200 installations, dont la moitié sur la métropole grenobloise.


    Pour l’ensemble de ces installations, le principe consiste à utiliser la température du sous-sol ou de l’eau contenue dans le sous-sol, comprise entre 8 et 16°C. Cette température est élevée ou abaissée au moyen d’une pompe à chaleur, ou utilisée directement (géocooling) pour du rafraîchissement. Après échange dans le bâtiment, le froid ou le chaud en sortie d’installation est réinjecté dans le sol, à la même profondeur que le puisage. En hiver, la Source (salle de spectacle à Fontaine) et les bureaux de Schneider sont ainsi chauffés et le froid produit est réinjecté dans le sol. À l’inverse, les équipements des bureaux du quartier Bouchayer Viallet et ceux de A. Raymond, rafraîchis l’été par géothermie, réinjectent du chaud dans le sol. Ces systèmes requièrent de l’énergie électrique pour la pompe à chaleur, avec, en général, pour 4 kW de chaleur produite, 1 kW électrique consommé.


    Les échanges avec le sous-sol sont réalisés soit par forages d’eau ou par sondes géothermiques verticales. Pour définir la meilleure solution, il est nécessaire de connaître les terrains présents au droit du projet. Ainsi sur la plaine grenobloise, les installations de géothermie par forages d’eau sont plus développées ; sur les massifs (Vercors, Chartreuse) la géothermie par sondes verticales est plus adaptée.


    Une installation alliant économie d’énergie, protection environnementale et maîtrise des coûts d’exploitation

    L’économie d’énergie est liée en partie à la réglementation thermique RT2012, avec une meilleure isolation et un changement de culture des températures dans les locaux, et lorsque cela est possible l’utilisation de l’installation géothermique en géocooling.


    L’impact environnemental est plus faible, puisque l’échange de calories est réalisé dans le sous-sol, été comme hiver, avec de forts rendements, réduisant l’apport en électricité et donc l’empreinte carbone.


    La maîtrise des coûts liés aux consommations d’énergie est due à cette faible consommation en électricité. Sur le plan financier, l’investissement constitue la part la plus importante. Toutefois au global cette solution reste parmi les plus avantageuses. Des subventions peuvent être obtenues : Fond Chaleur, auprès de l’Alec ou de l’Ademe.


    Une bonne conception pour une bonne exploitation

    Les étapes-clefs pour une installation de géothermie sont : l’étude de faisabilité et le dimensionnement (prenant en compte l’adéquation entre besoins et ressource) par des bureaux d’études qualifiés (OPQIBI 1007 et 2013), la réalisation des travaux par des entreprises RGE "Qualiforage", le suivi et la régulation lors de son exploitation.


    Enfin une installation de géothermie est réglementée par le Code Minier. Selon sa taille et sa localisation, la procédure réglementaire peut être masquée dans le planning global des études et travaux ou constituer un poste à part entière.


    consulter le site geothermies.fr


    à lire : sous les pavés, la solution, Ademe

    ZOOM sur le quartier Presqu’île à Grenoble – 58 bâtiments de logements, commerces et tertiaires raccordés à un réseau d’exhaure à l’Isère
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    L'hydroélectricité

    Xavier Hervé, Directeur Territoires au sein d’Hydro Alpes


    L’énergie hydraulique est la première des énergies renouvelables du Groupe EDF. C’est une énergie compétitive, souple et réactive, assurant une production en base et en pointe comme moyen d’ajustement lors des pics de consommation en électricité. Grâce à sa réactivité, elle permet d’apporter une réponse aux brusques fluctuations de la demande en électricité et à l’intermittence des nouvelles énergies renouvelables (éolien, solaire…). Les réserves d’eau sont gérées de manière fine afin de disposer d’une capacité de production hydraulique aux moments les plus propices.


    L’équivalent de la consommation de 6 millions d’habitants produite dans les Alpes

    Dans les Alpes du Nord, EDF produit le quart de l’hydroélectricité de France et le tiers de sa production hydroélectrique totale. Sur sept départements, nous exploitons 108 centrales et 127 barrages. La puissance installée est de 8 200 mégawatts (MW) et la production de 15 térawattheures (TWh) par an en moyenne, soit l’équivalent à la consommation résidentielle de 6 millions d’habitants.

    Le premier enjeu pour EDF est de produire en toute sûreté. Il nous faut aussi concilier la production hydroélectrique et les nombreux usages de l’eau. Nous travaillons dans ce sens avec les tous les acteurs du territoire concernés, dans une stratégie gagnant-gagnant.


    Des avancées technologiques et environnementales

    EDF Hydro investit plus de 400 millions d’euros par an et Hydro Alpes plus de 100 millions dans la maintenance et la modernisation de ses outils de production d’électricité.

    Nous avons développé plusieurs projets d’envergure qui ont mis en œuvre des avancées technologiques et environnementales, en intégrant l’enjeu de sûreté :

    • 2020 - Romanche-Gavet (38) : un chantier colossal de 10 ans, intégrant plusieurs innovations et qui permet une augmentation de 165 gigawattheures (GWh) par an de production (+ 40 % sur le même tronçon de rivière), par le remplacement de six centrales anciennes par une usine plus performante. EDF s’est en outre engagé dans un projet de renaturation de la Moyenne Romanche dans le cadre de déconstruction des centrales.
    • 2019 - La Coche (73) : + 90 GWh/an en augmentant la puissance de la centrale existante, par l’installation d’un groupe de production supplémentaire.
    • 2019 - La Bâthie (73) : + 30 GWh/an en augmentant la puissance des six groupes de production de la centrale et en optimisant le rendement grâce à de nouvelles turbines.

    Par ailleurs, une microcentrale hydraulique a été mise en service en 2015, au cœur de l’agglomération de Grenoble, « Le Rondeau », qui permet d’apporter 15 GWh/an supplémentaires. En combinant une faible chute d’eau de 4,3 mètres à une innovation, les turbines VLH (Very Low Head), cette centrale distribue directement sur le réseau électrique local l’équivalent de la consommation résidentielle de 5 700 habitants, grâce à cette énergie renouvelable.

    Nous travaillons parallèlement sur de nouvelles technologies comme l’hydrogène, l’utilisation de robots…


    Des stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) pour accompagner le développement des nouvelles énergies renouvelables

    Les STEP sont des outils indispensables qui permettent de lisser le passage de périodes avec ou sans vent, avec ou sans soleil. Outil de stockage, elles possèdent une grande flexibilité : les STEP françaises permettent de mobiliser, en moins de 10 minutes, environ 5 GW, stabilisant ainsi le réseau tant par absorption que par restitution de puissance. Elles ont pour vocation première de constituer des réserves d’électricité en stockant de grands volumes d’eau en altitude. Lorsque la demande en électricité est faible (soir, week-end…) les STEP remontent l’eau dans un bassin en altitude, pour l’utiliser lorsque la demande en électricité est forte (matin, soir…) en turbinant cette même eau vers un bassin bas. Ainsi, l’électricité surabondante n’est pas perdue mais mise en attente/stockée sous la forme d’eau et utilisée en fonction des besoins de consommation.

    Quatre STEP ont été construites et sont exploitées sur notre territoire, sur les six existantes en France, la plus importante étant celle de Grand Maison avec ses 1 800 MW de capacité (autant que deux réacteurs nucléaires).  


    Depuis septembre 2019, le Pôle Hydraulique Grenoble Alpes réunit les différentes équipes d’EDF Hydro qui étaient jusque-là réparties sur différents sites de la métropole. Situé à Saint-Martin-le-Vinoux, ce pôle d’excellence hydraulique regroupe désormais 1 100 salariés : ingénierie, diagnostic, exploitation, maintenance, réparation, surveillance… Il résulte de la volonté du groupe EDF de renforcer les échanges et les synergies entre les métiers pour gagner en performance industrielle, en intelligence collective et favoriser l’émergence de projets innovants.


    ZOOM sur Romanche-Gavet, Isère : un chantier colossal de 10 ans
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    L’hydrogène

    Valentin Maillot, Chargé de Mission Innovation et Flavie Rebotier, Chargée de Mission Réseau et Croissance Territoires Tenerrdis


    De Hyway à l’Airbus de l’hydrogène, la prometteuse histoire de l’hydrogène en Auvergne-Rhône-Alpes

    Imaginé en 2013, HyWay a constitué la première étape du plan national de déploiement de la mobilité H2. Spécificité française, les infrastructures de recharge sont déployées en même temps que les flottes de véhicules. S’approvisionnant auprès de deux stations de recharge alimentées en hydrogène décarboné, à Grenoble et Lyon, des clients pionniers publics et privés ont ainsi acquis une trentaine de Kangoo électriques H2 et permis le premier retour d’expérience en situation réelle.

    Depuis cette première européenne, d’autres projets ont vu le jour en France, perfectionnant le modèle et la technologie, et renforçant la dynamique de la filière régionale. Le projet Zero Emission Valley (ZEV) en particulier, vise à déployer vingt stations de distribution H2 et mille véhicules H2 légers.


    Un déploiement industriel régional assis sur des ''pépites''

    Avec ces deux premiers projets, la filière H2 est passée de la recherche académique au déploiement industriel. Pour accélérer son développement, l’étape suivante fut de créer les conditions favorables à l’industrialisation des produits-clés liés à l’H2 :

    • les électrolyseurs pour la production d’H2 à partir d’électricité décarbonée ;
    • les stations de distribution pour les usages mobilité ;
    • et les piles à combustible (PAC) qui permettent de convertir l’H2 en électricité pour alimenter les moteurs électriques des véhicules H2.

    Fin 2019, l’annonce par Symbio de la création d’une usine de production de PAC dans le sud lyonnais a symbolisé le début de la croissance des pépites françaises. Ses actionnaires, Michelin et Faurecia, lui voient capter 25 % du marché mondial des PAC pour un chiffre d’affaires de 1,5 Mds€ en 2030. McPhy a pour sa part, bouclé en une seule nuit une levée de fonds de 180 M€ qui permettra à l’entreprise drômoise d’accélérer sa production d’électrolyseurs et de stations de distribution.


    Une stratégie nationale bientôt relayée par l'Union européenne

    En 2020, ces développements industriels sont encouragés par le gouvernement à travers la Stratégie nationale Hydrogène, dotée de 7,2 Mds€ d’ici 2030. Ses premières déclinaisons sont les appels à projets :

    • Écosystèmes territoriaux hydrogène, subventionnant le déploiement d’électrolyseurs, de stations de distribution et de véhicules H2 de manière à mailler le territoire ;
    • Briques technologiques et démonstrateurs, soutenant la recherche sur les composants et les démonstrateurs H2, notamment pour décarboner l’industrie.

    La croissance de la filière s’accompagnera de besoins en personnel formé à cette technologie. Afin d’y répondre, le Campus des métiers et qualifications a établi, en partenariat avec Tenerrdis, une démarche de création de formations spécifiques, depuis le CAP jusqu’à la formation continue.


    En 2021, l’UE devrait également s’engager via un PIIEC (Projet important d’intérêt européen commun) sur l’H2, l’équivalent de « l’Airbus des batteries » lancé en 2019. De son côté, la Région Auvergne-Rhône-Alpes officialisera en décembre 2020 sa propre stratégie H2, axée sur :

    • le déploiement d’électrolyseurs de grande capacité sur ses trois grands bassins de vie ;
    • le développement de la logistique de transport, stockage et distribution de l’H2 ;
    • et l’intensification des collaborations européennes et à l’extension de ZEV à la mobilité lourde.

    Avec des collectivités comme le Grand Lyon ou Grenoble-Alpes Métropole qui réfléchissent à lancer des actions spécifiques de leur côté, l’ensemble de la puissance publique se met ainsi en ordre de bataille pour faire de l’H2 une nouvelle filière industrielle porteuse d’emplois et en faveur de la transition écologique.


    La stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène décarboné en France


    ZOOM sur le projet HyWay
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    La méthanisation

    Pauline Evrard-Guespin, Directrice Territoriale Alpes, GRDF


    L’Isère est un département qui dispose d’un tissu industriel important, d’une agriculture variée et de territoires ambitieux et impliqués : ce sont de vrais atouts. C’est le département de la Région qui compte le plus de projets de méthanisation en injection : sur les 130 projets qui ont réservé une capacité d’injection dans le réseau de gaz, ¼ sont situés en Isère, soit 35 unités dont 4 déjà en fonctionnement.


    La méthanisation est une filière jeune : l’autorisation d’injecter du biométhane dans les réseaux de gaz date de fin 2011. Le début de cette filière est un vrai succès. La capacité de production d’énergie renouvelable installée en France est aujourd’hui de 3,1 TWh par an, soit l’équivalent de la consommation de gaz de 260 000 logements ou de 12 000 bus roulant au BioGNV. Ce succès se traduit par le développement d’une filière industrielle implantée dans les territoires : en région Auvergne-Rhône-Alpes, sur les 330 entreprises de la filière gaz, la moitié environ ont développé une activité biogaz. Ce succès signifie également la création de richesse au cœur des territoires puisque 75 % de la valeur-ajoutée d’un projet revient à des entreprises françaises.


    Quels sont les projets de méthanisation de notre territoire ?

    Le terme « projet de méthanisation » fait référence à des typologies de sites qui peuvent être très variés selon le type d’intrant principal et le porteur de projet. La méthanisation la plus répandue est la méthanisation agricole : 80 % du gisement méthanisable en France est d’origine agricole.
    Une autre typologie de méthanisation est celle réalisée à partir de boues de stations d’épuration. C’est celle qui a démarré le plus tôt dans la région. Ainsi, de nombreuses stations dont celle d’Aquapole, située à Fontanil-Cornillon, produisent du gaz vert.

    La méthanisation peut également être réalisée à partir de déchets ménagers et biodéchets : c’est le cas de la Métropole grenobloise qui a inscrit ce projet dans son Schéma Directeur des Déchets à horizon 2030.


    Quels sont les enjeux liés au développement de la méthanisation ?

    L’enjeu de la méthanisation auquel nous pensons en premier est souvent énergétique en raison de la production d’une énergie renouvelable sur le territoire. Réussir la transition énergétique nécessite de trouver un juste équilibre entre prix de l’énergie, impact environnemental et indépendance énergétique. Le gaz est un vecteur énergétique qui apporte ses atouts (compétitif, stockable, souple d’utilisation, acheminé via une infrastructure existante) pour un mix énergétique équilibré.


    Un autre enjeu de la méthanisation est agronomique. Les cultures utilisées sont des cultures intermédiaires implantées entre deux cultures principales qui n’ont donc pas vocation à remplacer les cultures alimentaires. Elles contribuent à maintenir un sol couvert, donc à limiter son érosion, à diversifier les espèces cultivées sur les exploitations agricoles et rendent divers services au sol. De plus, le digestat issu de la méthanisation est un fertilisant naturel qui pourra se substituer aux engrais azotés. On y recourt souvent pour la transition des exploitations vers l’agriculture biologique.


    L’enjeu est également environnemental en contribuant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole, au traitement des déchets et à la mise en place d’une économie circulaire.


    Enfin, la méthanisation a un enjeu socio-économique avec la création d’emploi, une contribution à la dynamique territoriale de transition énergétique, le maintien de l’emploi dans les zones rurales, ou encore en œuvrant pour l’indépendance énergétique. Sur ce dernier point, l’Ademe a publié une étude montrant que la France pourrait être autonome en produisant 100 % de sa consommation de gaz en 2050. La méthanisation permettrait de produire le tiers de ces besoins.


    lire la note juridique de l'Agence : implanter une unité de méthanisation

    ZOOM sur l'unité de méthanisation 100 % agricole à Apprieu, Isère, Télé Grenoble, 2019
  • photovoltaic-2138992_1920.jpgLocaux d'activité neufs avec panneaux photovoltaïques dans la zone d'activité de Clairivaux, Saint-Marcellin Vercors Isère, 2019

    Le photovoltaïque

    Valentin Maillot, Chargé de Mission Innovation, Tenerrdis


    Avec 9,5 GWc1 de solaire photovoltaïque (PV), la France est en 2018 le 4e pays d’Europe pour cette énergie derrière l’Allemagne (45,3 GWc), l’Italie (20,1 GWc) et le Royaume-Uni (13,1 GWc). Cette filière représente environ 7 000 emplois directs et 10 000 emplois indirects sur le territoire national, pour un chiffre d’affaires estimé à 4,7 Mds€.


    Une région paradoxalement bien équipée mais peu productive

    Première région productrice d’électricité en France, la Région Auvergne-Rhône-Alpes a pour sa part un positionnement singulier. Le PV y représente moins de 1 % de la production d’électricité (loin derrière le nucléaire et l’hydroélectricité) et pourtant, c’est la région de France avec le plus d’installations PV. Ce paradoxe s’explique par le fait que la proportion entre la production des petites centrales PV sur toitures et celle des grandes centrales au sol y est nettement plus élevée que pour les trois autres régions du Sud les plus productrices d’électricité solaire. Cela reflète les contraintes foncières de notre territoire, marqué par une forte concurrence d’usage des sols entre urbanisation, industries, agriculture, parcs naturels ou encore donc, production d’électricité. Or, l’énergie PV est la plus consommatrice d’espace : il faut par exemple 2,5 ha de PV pour produire autant d’électricité qu’une seule éolienne terrestre standard de 2 MW. Ainsi, pour développer cette énergie à la hauteur prévue par le Sraddet (multiplication par sept de la puissance installée d’ici 2030), il est indispensable de mutualiser la production d’électricité PV avec d’autres usages.


    Quelles pistes de développement ?

    Le PV flottant consiste à déployer des panneaux sur des plans d’eau tout en préservant la faune et la flore aquatiques. L’agrivoltaïsme permet d’optimiser la culture des plantes en déployant des panneaux PV orientables au-dessus des cultures. Outre la production d’électricité, ce système protège les cultures des intempéries (grêle) et aide à gérer leur irrigation.

    L’essentiel du potentiel de développement du PV semble néanmoins concentré sur les toitures des bâtiments. Cela permet de mutualiser les coûts de raccordement et de produire l’électricité au plus près de son lieu de consommation. Pour encourager les nouveaux projets, le gouvernement vient cet automne de relever le seuil de 100 kWc à 500 kWc pour les appels d’offre, ce qui permet d’alléger les procédures pour équiper les toits des bâtiments de grande taille.
    La loi Énergie Climat votée fin 2019 oblige l’incorporation d’au moins 30 % de panneaux PV à la surface des nouveaux espaces commerciaux et parkings couverts de plus de 1 000 m². La Convention Citoyenne pour le Climat recommande même d’intégrer à la réglementation environnementale des bâtiments neufs RE2020 une obligation d’installation de panneaux PV sur les bâtiments neufs et d’abaisser le seuil de 1 000 m² des surfaces commerciales.


    Quid du photovoltaïque sur le bâti existant ?

    Ces mesures s’appliquent aux constructions neuves, mais laissent de côté le bâti existant. Pour remédier à cela, Cythelia Energy a développé son outil Archelios (labellisé par Tenerrdis), qui dresse un cadastre énergétique des territoires, pour porter à la connaissance de chacun (décideurs et citoyens) le potentiel de production d’électricité de son toit. Leur outil couvre 92 % de la population française et des villes comme Lyon, Grenoble, Annecy ou Bordeaux ont déjà décidé de l’utiliser.


    1 GWc : gigawatt-crête. Le watt-crête est l'unité de mesure de la puissance d'un panneau photovoltaïque


    développer des solutions innovantes, webinaire Tenerrdis


    ZOOM sur les centrales villageoises du Vercors

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