Grand A le mag - 3 : Décembre 2019

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Vue de la Presqu'île et de l'Isère depuis la Bastille Vue de la Presqu'île et de l'Isère depuis la Bastille

Grenoble Presqu'île, là où s'imagine la ville de demain

paroles de Dorian Martin

Des compteurs multifluides dans les logements permettent d'enregistrer en direct la consommation d’électricité des différents ménages, de comprendre les pics de consommation, pour pouvoir adapter la production et la livraison énergétiques.

L’offre de stationnement, modulable en fonction des usages, est proposée dans des espaces desservis par les transports en commun, au cœur du quartier.

LearningGrid by Grenoble : une première européenne !

La CCI de Grenoble et Schneider Electric ont lancé officiellement le 20 juin 2019 le LearningGrid by Grenoble, un démonstrateur pédagogique sur le campus de l'Institut des métiers et des techniques.


Unique en Europe, ce projet ambitieux, alliant pédagogie et nouvelles technologies de l'énergie, a pour vocation de répondre aux enjeux énergétiques actuels. Il a pour mission de former à la fois les futurs professionnels du secteur de l'énergie mais également, les apprentis des autres métiers afin qu'ils intègrent, dans leur pratique quotidienne, une gestion maîtrisée de l'énergie. Bien au-delà de sa mission pédagogique, ce microgrid* doit servir de démonstrateur et de centre d'expertise pilote au niveau local, parce qu’il participe au rayonnement du territoire isérois et le positionne comme étant en pointe dans le domaine de l’énergie, mais aussi au niveau national voire international. Le LearningGrid by Grenoble fonctionne comme une “smart city” de 3 000 habitants, avec des espaces de cours ou des ateliers nécessitant chauffage, éclairage, alimentation électrique, pour les équipements en journée, et des activités de restauration, d’hébergement, requérant de l’énergie au moment des pics de consommation. Appliquer le concept de microgrid à cet ensemble de fonctions et d’usages, tel a été le défi relevé par Schneider Electric et la CCI de Grenoble. Le campus est ainsi équipé d’une infrastructure de production autonome d’électricité grâce à des panneaux photovoltaïques, de capacités de stockage, d’outils de pilotage et de gestion intelligente de l’énergie destinés à faciliter l’autoconsommation de l’électricité produite localement. Des installations à la pointe de la technologie, extrêmement précieuses.

*Un microgrid est un réseau de distribution d'énergie qui repose sur des moyens locaux de production d'électricité et de chaleur.


voir la vidéo de présentation du projet

Baromètre des smart territoires

À l’occasion de son congrès 2019 à Nice, Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) et ses partenaires ont dévoilé les résultats de la première édition du baromètre des smart territoires. Adossé à l’observatoire du même nom créé en 2015, ce baromètre permet de suivre les projets de transformation numérique et les démarches exemplaires qui, en France, contribuent à la dynamique de développement des territoires intelligents.
30 collectivités étaient candidates à l’évaluation, 14 ont été classées cette année, sans distinction de type. Nantes Métropole a reçu le Grand Prix du jury ; la ville d’Aix-en-Provence le trophée innovation ; la communauté de communes Pays Haut Val d’Alzette le trophée Data et Grenoble-Alpes-Métropole le trophée inclusion.

Retour En avant

Où en est la smart City ?

Des visions qui s'opposent

La Smart City n’est plus aujourd’hui un modèle exclusivement réservé aux villes nouvelles ou aux nouveaux quartiers bien que les projets « vitrines » restent cantonnés aux quartiers ou aux villes ex-nihilo. Ce concept et les innovations qui en découlent se diffusent désormais à l’ensemble de l’univers urbain et impactent directement le fonctionnement de notre société : ingénierie du bâtiment, organisation des réseaux urbains (énergie, eau, télécommunications…) et des services publics (dématérialisation des démarches, mobilité connectée…). Cette digitalisation de la ville interroge sur notre dépendance au numérique sous plusieurs aspects : la question des données et de la préservation des libertés individuelles bien sûr, avec la nécessaire identification de leur valeur pour le « commun » et de la gouvernance de ces données d’intérêt territorial ; la question des impacts écologiques, particulièrement en termes de consommation d’énergie et de matériaux ; et enfin, la question de la résilience de la ville et du territoire (de la continuité des services rendus au public) en cas de défaillance de ces systèmes numériques et des réseaux de communication (piratage des données par exemple).


Plusieurs analyses révèlent que la smart city, après plus de 20 ans de conceptualisation, est loin des promesses annoncées, restant trop expérimentale, ou trop spécifique, comme à Singapour. Selon J.F. Soupizet (La smart city, rupture ou adaptation ? Futuribles Sept. 2019), deux projets récents, Quayside à Toronto (2018) et OnDijon (2017), illustrent deux visions radicalement opposées de la ville intelligente.
À Toronto, les autorités gouvernementales ont confié à Sidewalk Labs (Google) la construction d’un nouveau quartier : dans ce cas de figure, les données et leur système d’exploitation fondent le renouvellement de la ville et c’est l’opérateur privé, maître des données, qui prend les clés de la gestion de la ville. Ce projet (malgré la promesse d’un « régime de protection des données urbaines le plus strict au monde ») n’a pas tardé à cristalliser l’opposition de citoyens inquiets, qui contestent en particulier la « privatisation monopolistique des espaces privés. »
À Dijon, un consortium composé de Bouygues énergies & services et Citelum (EDF), en partenariat avec Suez et CapGemini, s’est vu confier l’organisation d’un poste de pilotage centralisé et hyper technologique des 24 communes du territoire : PC sécurité, supervision urbaine, PC circulation, PC neige et service Allô mairie. Inauguré au printemps 2019, il marque la connexion des services publics et la centralisation des données pour permettre la gestion à distance de la cité. L’ensemble des équipements, de l’éclairage public à la gestion des eaux, est concerné.


Qu’elle soit privatisée (Google) ou dans le giron de la Collectivité, la question de la gouvernance est d’abord celle de la prise de contrôle et de sa centralisation. Quelle que soit l’approche, il semble communément admis que la clé de la transformation de la ville est d’abord entre les mains des citoyens sans l’aval desquels la réussite est compromise. Quand l’urgence climatique et sociale commande, l’utopie futuriste pourrait céder le pas, en matière d’urbanisme, à ce que Grégoire Allix, dans Le Monde du 22 novembre, désigne comme un « urbanisme de réparation ». L’urbanité d’abord.


vidéo : entretien avec Dorian Martin, chargé d'études Territoires / Commerce à l'Agence, et Vincent Joly, responsable des travaux Bouygues Construction à lire : LearningGrid by Grenoble : une première européenne ! à lire : Baromètre des smart territoires

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