Édito
Risques et Résilience des territoires, quelles promesses ?
Autant ne pas y aller par quatre chemins : en matière de risques, tous les voyants sont au rouge. Il ne s’agit pas que de notre seule région grenobloise, qui malheureusement les cumule, mais bien d’un état d’alerte général. Les certitudes et la confiance des générations précédentes dans la science, le progrès, les technologies pour nous mettre à l’abri, se sont effondrées. Des drames se sont produits, ici et ailleurs, desquels toutes les leçons sont loin d’êtres tirées. C’est tout un faisceau de circonstances, d’évolutions et de mutations, qui crée un contexte d’urgence et de responsabilisation collective que nul, du citoyen le plus humble au plus haut échelon politique, ne peut ignorer.
Devant la nature, que nous avons malmenée et avec laquelle nous avons pris nos distances, devant une urbanisation qui n’en finit pas de prendre racine là où elle ne le devrait pas, devant l’arrivée d’une intelligence artificielle qui questionne notre humanité, devant l’effritement des fondements de l’économie moderne, devant des transformations sociétales sans précédent, le monde nous semble soudain moins sûr et moins permanent. Nous ne sommes pas infaillibles. Nous sommes vulnérables. Nous le savions, évidemment, mais refusions de le voir ou d’en parler. Or voilà que le risque - mot tabou s’il en est - fait irruption sur la scène publique. Un scientifique britannique, Sir Colin Berry, avance que l’obsession moderne dans la résistance au risque a atteint « un stade qui se traduit par des dommages pour la société. » Cessons de nous aveugler, osons être responsables, décidons, choisissons, agissons.
Choisir et agir. Collectivement. À dessein, et à des fins d’introduction un peu provocante d’un sujet des plus complexes, je n’ai pas voulu contourner l’obstacle du tableau noir. L’objectif - qui est globalement celui du projet Grand A et du conseil scientifique qui le sous-tend - est moins d’explorer les questions que les solutions. La fin d’un monde n’est pas la fin du monde. Et c’est bien parce que des possibles - d’autres voies - peuvent exister, qu’au thème des risques nous avons associé celui de la résilience, qui les dépasse et les transcende, embrassant plus largement le projet de société et la stratégie des territoires. Apparue relativement récemment dans les sciences sociales appliquées aux territoires, la résilience focalise l’attention et alimente une littérature abondante, car elle est perçue comme porteuse de promesses, de vision, de coopérations et de solidarités, et d’un souffle vraiment nouveau. À juste titre ? Est-ce une chance à saisir pour inventer le modèle grenoblois du XXIe s. ?
Contribuons au débat et aux explorations, avec des citoyens, des étudiants, des chercheurs, des experts et des élus, pour renouveler nos approches et relever les défis.
Bonne lecture.
Benoît Parent,
Directeur de l’Agence d’urbanisme de la région grenobloise