Dans ce contexte, une question sous-tend les travaux des chercheurs de la plateforme Popsu-Grenoble : quelles actions engager localement pour accroître les leviers de résilience des Métropoles, en lien avec leur environnement ? Les résultats de la recherche nous invitent à prêter attention aux émergences, à ces signaux faibles qui marquent le début d’un changement, à la fois possible et nécessaire. La collectivité locale est attendue sur des fonctions d’intermédiation, de grand « assemblier » des micro-dynamiques, afin que ces actions, citoyennes, entrepreneuriales, associatives, puissent changer d’échelle et prendre plus d’ampleur. Mais, ces petites choses auxquelles les chercheurs ont prêté attention peuvent aussi être des marqueurs de délitement, d’affaiblissement et de fractures, sur lesquels la collectivité doit veiller et agir pour maintenir la cohésion sociale et territoriale.
Pour avancer en ce sens, trois thématiques sont proposées : La Métropole expérimentale interroge la résilience du système économique grenoblois ; la Métropole géographique questionne le rapport de la ville à son espace alpin ; la Métropole hospitalière analyse les enjeux de l’accueil et du bien-vivre dans un territoire métropolisé.
Métropole-expérimentale
Souvent qualifié de « technopolitain », le modèle socio-économique grenoblois repose sur une spécialisation dans l’économie cognitive et l’incitation à l’innovation technologique. Les importantes pertes d’emplois qu’a subi la métropole en 2008, mais également en 2020, questionnent la capacité de résilience économique de ce modèle. L’analyse des trajectoires sectorielles et entrepreneuriales permet de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents. L’économie grenobloise se caractérise par une concentration d’activités exportatrices, exposées aux chocs externes, et une sous-représentation d’activités locales au service des ménages ou des entreprises. Dans le même temps, on observe l’émergence de pratiques socio-économiques alternatives, relevant de l’expérimentation sociale. Comment, dès lors, promouvoir et favoriser un élargissement des bases économiques du territoire, afin de (ré)concilier une économie extra-ordinaire (innovante, technologique et compétitive) et une économie ordinaire (essentielle, sociale et locale) ?
Métropole-géographique
La métropole grenobloise est inscrite dans un contexte géographique spécifique, tout autant source de fierté, de promotion du territoire, qu’objet ignoré voire redouté. Ici, le lien entre la plaine et la pente conditionne l’histoire et la trajectoire exceptionnelle de la “capitale des Alpes”. Ainsi, aux stratégies de domestication de l’environnement alpin, largement dominantes au XXe siècle, semble se succéder un développement territorial plus intégré et adapté de façon souple aux besoins et contraintes des géographies grenobloises. Les travaux réalisés par les chercheurs montrent comment une meilleure prise en compte par les politiques publiques des paysages, ordinaires comme extra-ordinaires, peut contribuer à la résilience urbaine. Les évolutions observées témoignent d’une nouvelle relation - d’un ré-encastrement salutaire - de la ville dans son environnement.
Métropole-hospitalière
Promouvoir l’attractivité d’un territoire, c’est miser sur l’apport (la captation) de ressources exogènes (extérieures) pour en assurer le développement. Raisonner en termes d’hospitalité, c’est au contraire considérer que les leviers de développement, au sens d’amélioration des conditions de vie des populations, sont aussi locales et donc endogènes. Plus que la capacité à attirer les talents et les CSP+, ce serait donc la diversité sociale et territoriale qui serait source de résilience. Les travaux menés par les chercheurs soulignent le besoin de développer et soutenir une plus grande transversalité de l’action publique pour faciliter l’accueil et le bien-vivre territorial. Car être hospitalier, c’est certes offrir un logement, un emploi, mais aussi permettre la participation de tous et toutes à la vie de la cité. En observant les dispositifs d’accueil de publics vulnérables, ou bien encore de migrants, en travaillant sur les aspirations des habitants, mais aussi sur les images que véhicule le territoire grenoblois, les chercheurs ont mis en évidence les forces mais aussi les fragilités des innovations sociales qui ont fait l’histoire de ce territoire.