Grand A le mag - 6 : Juin 2023

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SoniaLavadinho_2053419.jpg Sonia Lavadinho © Bruno Levy

 Il est urgent de réapprendre à prendre soin de notre maison à tous. Réapprendre à cohabiter avec le Vivant.

Sonia Lavadinho

Si, en tant qu'élu, je choisis d'investir dans un Zénith, un opéra ou un stade, je dois être conscient que mes concitoyens ne s’y rendront qu’une fois par an.

Sonia Lavadinho

Entretien avec Emmanuel Rouede, Directeur général des services de la Ville de Grenoble

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Entretien avec Alain Faure, Laboratoire Pacte

Qu’est-ce que le C2D ?
Comment restituer-vous vos travaux ?
Comment contribue-t-il à interroger le « habiter ensemble » dans la métropole ?

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Les humains et les urbains

Comment transformer la ville fonctionnelle en ville relationnelle ?

Les nombreux bouleversements que nous avons connu depuis le début de cette décennie – une pandémie globale, des catastrophes climatiques qui se multiplient, le dépassement de 6 limites planétaires sur les 9 identifiées – préfigurent les défis majeurs de santé et de biodiversité que nous devrons résoudre au cours du prochain demi-siècle pour assurer le portage de notre civilisation urbaine de manière compatible avec des conditions favorables à la vie.


De nouveaux chemins de pensée pour aménager nos villes


Oikos – la racine du mot économie – renvoie à l’art de gérer la maison. Il est urgent de réapprendre à prendre soin de notre maison à tous. Réapprendre à cohabiter avec le Vivant. Cela demande d’imaginer des chemins de pensée nouveaux pour aménager nos villes. Tout d’abord, concilier la quête individuelle du bien-vivre avec la quête collective de résilience économique et écologique, de santé, de cohésion sociale et intergénérationnelle. Ensuite et plus fondamentalement, faire converger la quête humaine de sens : "comment trouver notre place dans le monde ?" avec la quête du Vivant de faire coexister toutes les formes de vie au sein du Biotope-Terre.

Nous sommes à la croisée des chemins : la Ville fonctionnelle, la ville des infrastructures, la ville extractive, la ville consommatrice de ressources et d’énergie, doit céder sa place à la Ville relationnelle, la ville des liens, la ville biophilique, la ville productive, la ville qui active son économie circulaire pour mieux recycler ses ressources et ses mètres carrés au service de nos lieux en communs. Pour émerger collectivement, la Ville relationnelle s’appuie sur l’idée de renforcer la qualité de la relation : la relation à soi-même tout d’abord – son corps autant que son esprit – la relation aux autres, la relation au Vivant enfin. Ces trois facettes du triptyque relationnel sont autant de dimensions du bien-être qui seront au front des politiques publiques qui régissent l’aménagement urbain afin de garantir une ville plus saine, plus vivable et surtout plus vivante : en un mot, plus résiliente.


Les cinq leviers de la Ville relationnelle


Lorsqu'on est élu, on veut laisser sa marque. On veut inaugurer des équipements et des infrastructures qui apportent un plus dans la vie des administrés. Mais ce plus est-il vraiment un mieux ? Pour que ce soit un mieux, il faut que l'équipement ou l'infrastructure attire de façon large et démocratique tous les publics, tout le temps. La question du coût d’opportunité doit être posée à l’aune de la fréquence des visites : si, en tant qu'élu, je choisis d'investir dans un Zénith, un opéra ou un stade, je dois être conscient que mes concitoyens ne s’y rendront qu’une fois par an. Parfois même il se passera des années, voire des décennies, sans qu'ils n'y mettent jamais les pieds. Si au contraire je décide d'investir dans les sociabilités au quotidien et les dynamiques de proximité en activant cinq leviers de la Ville relationnelle qui vont se multiplier par dizaines partout dans la ville : les ruisseaux de fraîcheur, la seconde peau des parcs existants, les bandes ludiques, les carrefours vivants et les parkings prévenants, alors je vais pouvoir récolter les bénéfices d’une fréquentation massive par tous mes concitoyens, 365 jours par an. Le baromètre de la fréquence ne trompe pas : il devrait toujours être au front de nos décisions quant à la meilleure façon d'investir du temps, de l'argent et des ressources dans les projets urbains qui participent à la fabrique de la ville.


Une autre relation au Vivant


La décarbonation de nos modes de vie urbains ne pourra se faire que dans une ville devenue relationnelle, une ville où primeront les dynamiques de proximité, les sociabilités – fortes ou faibles – et une relation au Vivant qui sera tout autre que celle que nous connaissons aujourd'hui. Nous savons qu’il est temps d'agir : la prochaine mandature sera décisive pour prendre les mesures d’adaptation qui s'imposent pour faire face au changement climatique, mais aussi pour proposer une Vision politique renouvelée autour de la question : quel “Vivre ensemble“ voulons-nous pour la ville de Demain ? La vraie urgence est là : justement dans le fait de ne pas se contenter de l'urgent, mais de revenir à l'important. Revenir à l'essentiel de ce qui nous rend humains. Pour enfin construire la ville dans laquelle nous voulons vivre : la Ville relationnelle.


*L’ouvrage La Ville relationnelle est disponible à la vente ici : vr.bfluid.com


paroles de Sonia Lavadinho entretien avec Emmanuel Rouede entretien avec Alain Faure

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