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Photo-christophe-chaix.jpg Christophe Chaix

Comment se traduit le changement climatique sur notre territoire ?

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Évolution de la température moyenne annuelle dans les Alpes françaises de 1900 à 2017
Source : HISTALP, METEO-FRANCE, AGATE Agence alpines des territoires
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Espace d’action et profils d'évolution favorisant la résilience au changement climatique
Source : GIEC, 2014
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La résilience et l'adaptation au changement climatique

L’augmentation des températures à l’échelle globale (+1°C depuis 1900) et dans les Alpes (+2°C) joue directement ou indirectement sur l’occurrence et l’intensité de certains aléas naturels. Comment faire face à ce nouveau défi ?

Instabilité et effets en cascade


Davantage de vagues de chaleur et de canicules, d’aléas glaciaires et périglaciaires dus à la fonte des glaciers et d’écroulements rocheux liés à la fonte du pergélisol*. Il est attendu des périodes de fortes pluies de plus en plus intenses, avec des écoulements inhabituels qui le seront de moins en moins. Une forme d’instabilité se propage dans les Alpes, ce qui augmente le risque.
Mais les impacts du changement climatique ne s’arrêtent pas là. Le réchauffement modifie aussi de façon quantitative et qualitative les ressources naturelles (eau, neige, végétation, forêt, écosystème, paysage, etc.) qui sont exploitées par les activités socio-économiques des territoires. Une pression de plus sur des systèmes essentiels mais fragiles, avec un fort potentiel de réactions en chaîne sur des temps plus ou moins longs. Le risque devient systémique. Aucune digue ne permet de se protéger de ces effets-là. Dans ce cas, il est nécessaire de s’adapter. Et depuis peu, certains parlent à la place, de résilience…


La résilience, mirage ou miracle du vocabulaire ?


La résilience désigne la capacité à retrouver un fonctionnement normal après une perturbation, un aléa, une catastrophe. Pour développer cette capacité, la méthode de gestion des risques consiste notamment à anticiper ces aléas, introduire des potentialités dans les aménagements pour atténuer ou absorber les impacts sur le territoire, et travailler la prévention et la sensibilisation. Cette approche est quasi-identique à celle utilisée pour développer la « capacité d’adaptation » des territoires au changement climatique. Mais la résilience porte dans sa finalité une notion de normalité qui est étrangère à celle de l’adaptation : sur le long terme, en tant que systèmes complexes, et face aux impacts en cascade du changement climatique, les territoires ne « retournent pas à la normale » : ils se réorganisent pour tendre vers un nouvel équilibre.


Les méthodologies développées depuis une dizaine d’année sur l’adaptation des territoires - diagnostics climatiques, études des vulnérabilités, scénarios et stratégies d’adaptation - prônent des trajectoires de diversification des activités et de changements de pratiques, voire de modes de vie. Autant de façons de changer, de transiter, mais pas sans sacrifice, ni sans risque de démobilisation. Lorsque le terme de résilience est apparu dans le domaine de l’adaptation, certains cyniques ont vu alors une manœuvre pour donner à la réalité anxiogène du changement un caractère positif et réversible, plus rassurant. Un mirage qui volontairement détournerait le regard de son inéluctabilité...


Une autre interprétation est disponible, plus pragmatique. La résilience offre à l’adaptation un cadre de travail commun avec la gestion des risques, plus intégré, à même de promouvoir cette « culture de l’adaptation » tant recherchée. Il s’agit pour cela de penser les impacts du changement climatique dans chaque projet, dans chaque action, afin de disséminer partout les potentialités de rebond et développer des marges de manœuvre ; il s’agit aussi de travailler sur l’apprentissage collectif et individuel, la gouvernance, la concertation, pour une vision partagée des objectifs... Et ainsi obtenir des résultats rapides et concrets. La résilience au service de l’adaptation au changement, un mot pour changer d’approche ? On tient là au miracle…


* ou permafrost : sol gelé. En montagne, couche constituée de roche et de glace, parfois homogène (béton de glace), parfois non.


vidéo : entretien avec Christophe Chaix

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