L’impact économique de la crise de 2008 sur les territoires métropolitains
En moyenne, les EPCI ont débuté leur récession en 2008, rebondi dès 2009 et récupéré leur niveau d’emploi en 2010, avant de subir un deuxième choc – plus léger – en 2011. En comparaison, les métropoles ont enregistré une perte d’emplois dès 2007, rebondi en 2009 et récupéré en 2010, sans subir d’autres chocs depuis. Mais, en réalité, derrière ce résultat global, l’analyse du cycle de résilience de chaque métropole française révèle de fortes disparités. Il y a certes des métropoles qui ont été extrêmement résistantes. Toulouse, Montpellier, Aix-Marseille et Toulon n’ont, par exemple, pas été impactées par la crise de 2008. Lyon et, à une autre échelle, le Grand Paris, sont de grandes métropoles françaises qui en réchappent bien également. Par contre, beaucoup d’autres métropoles ont connu des situations bien plus difficiles. Grenoble ainsi que des agglomérations de taille plus petite comme Saint-Étienne ou Strasbourg, une fois la crise passée, n’ont pas connu de capacités de rebond et de récupération au rythme et avec le dynamisme escomptés. En effet, la métropole grenobloise enregistre un taux de déclin relativement intense de -2,59 % entre 2007 et 2009 et surtout, elle revient à son niveau d’emplois tardivement, en 2014, avec toutefois un taux de croissance de +5,39 % jusqu’en 2017. Rouen enfin, n’avait toujours pas récupéré son niveau d’emplois en 2017.
On a également pu observer une fracture territoriale entre les territoires protégés en 2008, souvent résidentiels, touristiques ou spécialisés dans des activités non impactées et les anciens territoires industriels exportateurs et productifs – surtout situés dans le nord-est de la France – extrêmement pénalisés. Il y a une urgence à agir et à accompagner ces territoires vulnérables qui sont de nouveau touchés de plein fouet par la crise actuelle, alors même qu’ils n’avaient pas récupéré de la crise de 2008. Cette géographie montre le besoin de décliner les politiques nationales d’aide ou de relance en fonction des spécificités territoriales.
L’impact économique de la crise de 2020 sur les territoires français
La crise socio-économique liée à la Covid-19 est très différente de celle de 2008, à la fois dans ses causes et dans sa composante sectorielle. Les secteurs les plus touchés sont notamment les commerces et services marchands, le tourisme, les agences d’intérim, la mécanique industrielle, les clubs de sport, les activités de poste hors fret ainsi que les transports de voyageurs. L’économie résidentielle et touristique, qui avait joué un rôle d’amortisseur majeur en 2008, est cette fois beaucoup plus vulnérable. Ces secteurs étant présents dans la plupart des territoires français, la régionalisation du choc observée est plus diffuse que lors de la crise de 2008. Cette dernière avait épargné 180 EPCI en croissance continue de 1993 à 2019, globalement situés dans les régions au sud du pays qui profitent des dynamiques résidentielles et touristiques. Cependant, plus des trois quarts du territoire ont été impactés par la crise de 2008, dont 503 EPCI qui ne s’en sont pas relevés, majoritairement situés dans les régions du Nord, plutôt productives ou de tradition industrielle, ainsi que dans ce que les géographes appellent la diagonale du vide, s’étendant du Nord-Est au Sud-Ouest et désignant des espaces de faibles densités éloignés des grands pôles urbains à l’économie diversifiée. Ce sont en particulier ces territoires sensibles à la crise de 2008 et ceux en déclin continu depuis 1993 qui ont subi de plein fouet la crise de la Covid-19. Pour le moment, elle n’a épargné qu’un tiers des territoires notamment sudistes. Concernant les métropoles, elles ont toutes été sensibles et exposées à la crise de la Covid-19. L’analyse de la résilience sur une plus longue période permettra de repérer de potentielles fractures avec les périphéries si les métropoles rebondissent plus vite grâce à des facteurs compositionnels et collectifs positifs, comme en 2008, ou si de nouvelles recompositions territoriales apparaissent.